
Laoucine Kerbache dirige HEC Paris au Qatar. Il nous a ouvert les portes de son bureau, situé au 16e étage de la tour Tornado, pour parler des ambitions de l’école et des relations très étroites qu’elle tisse avec les entreprises locales.
Quel poste occupez-vous et quelles sont vos fonctions ?
J’occupe le poste de CEO et de Doyen d’HEC Paris au Qatar, depuis environ un an, pour une mission de trois ans renouvelable. Je suis professeur à HEC Paris du management de la supply chain et de la logistique depuis plus de quinze ans, après avoir été professeur dans d’autres universités aux USA et en Bretagne.
Je suis « un pur produit » de l’enseignement supérieur américain. Le baccalauréat en poche, je suis parti étudier sur la Côte Est des USA dans l’état de New York et à Boston, à la Syracuse University et à la University of Massachusetts. Je suis titulaire d’un Bachelor of Science, d’un Master of Science et d’un PhD en Génie industriel et Recherche Opérationnelle. J’ai travaillé quelques années dans une entreprise industrielle à Boston, puis j’ai enseigné à l’université de Michigan avant de retourner en France.
Pourquoi une antenne d’HEC Paris au Qatar ?
J’ai envie de vous répondre pourquoi pas ? Plus sérieusement, nous nous sommes implantés au Qatar sur invitation de la Qatar Foundation (QF) afin de contribuer au développement à terme de la Knowledge-Based Economy, l’économie du savoir. Notre contrat initial avec QF était centrée sur de la formation continue en management pour cadres dirigeants.
Il est utile de signaler que HEC Paris a été la première école européenne à s’installer à Education City mais elle a été précédée par plusieurs universités américaines. Parmi celles-ci, je peux citer Texas A&M University pour l’ingénierie, Cornell University pour la médecine, Georgetown University pour les sciences politiques et la diplomatie, Carnegie Mellon University pour l’informatique et les biotechnologies, Northwestern University pour le journalisme et communication, ainsi que VCU pour le design. L’Université de Londres (UCL) est arrivée bien après nous.
Pour nous, le Qatar est une belle opportunité car nous étions en phase de développement à l’international. L’invitation de la Qatar Foundation est arrivée au bon moment et elle était en parfaite adéquation avec notre propre stratégie, à savoir le développement de notre marque à l’étranger et le développement de notre activité à l’international. Une des zones ciblées par HEC Paris était précisément la région Moyen Orient et Asie.
Pour le Qatar, le choix d’HEC Paris est également très judicieux puisque HEC Paris est l’une des meilleures business schools au monde. En effet, l’école est classée N°1 mondial en « Executive Management Education »par le Financial Times.
Quelles formations l’établissement dispense-t-il ?
Nous proposons principalement des formations continues pour cadres dirigeants.
En février 2011, nous avons lancé un premier programme l’Executive MBA (EMBA) qui est dispensée depuis plusieurs années aussi bien à Paris qu’en Chine et en Russie. Ce programme est destiné à des cadres dirigeants soucieux de développer leurs pratiques managériales et de leadership. Ces participants ont en moyenne une quinzaine d’années d’expérience.
Le programme est structuré en 14 modules intensifs de 4 à 5 jours chacun, à raison d’un module par mois. La mobilité des participants entre nos différents sites dispensant l’EMBA est encouragée. En plus de ces 14 modules, les participants ont la possibilité de choisir une majeure, parmi huit, pour une spécialisation. Par exemple, la spécialisation « Énergie » (pétrole et gaz) est dispensée pendant un module de 5 jours sur les énergies non renouvelables à Doha et un autre module de 5 jours sur les énergies renouvelables à Paris. Pour cette majeure, nous bénéficions d’une contribution importante de notre partenaire Total. À ce jour, quatre promotions d’EMBA ont été lancées au Qatar.
Nous avons lancé un deuxième programme diplômant en mars 2013, l’Executive Master en « Management d’une Unité Stratégique » constitué de 14 modules de 3 jours chacun. Ce programme est destiné à des cadres appelés à occuper des postes de management. Ces personnes ont en moyenne 5 à 8 ans d’années d’expérience. À ce jour, deux promotions d’Executive Master ont été lancées au Qatar.
Pour finir, il convient de préciser que nous organisons des formations inter mais aussi intra-entreprises pour répondre aux besoins de nos clients au Qatar et dans la région du Golfe.
Quel est le profil des participants à ces formations ?
La moyenne d’âge des étudiants en EMBA est de 39 ans. Nous avons de nombreux cadres dirigeants, dont certains sont CEO, COO, CFO….
Une dizaine de nationalités différentes sont représentées, avec un tiers de qatariens, un tiers provenant de la région (Libanais, Égyptiens, Saoudiens, Koweïtis…) et un tiers du reste du monde. Nous comptons dans les effectifs de l’EMBA environ 20 % de femmes.
Pour l’Executive Master, l’âge moyen est de 30 ans. Il s’adresse à des gestionnaires en poste qui comptent environ 5 à 8 ans d’expérience professionnelle. Souvent, ces participants n’ont pas reçu de formation en management d’où l’importance de ce programme qui leur permettent d’acquérir les compétences requises dans ce domaine. Dans cette formation, 70% des participants sont qatariens et dont plus de 40 % sont des femmes.
Quel est le coût des études ? Comment les financer ?
Pour l’EMBA, le coût de la formation est de 87 500 $ pour les 14 mois. Pour l’Executive Master (Mastère Spécialisé), le coût total est de 56 000 $. Majoritairement, les stagiaires sont financés par l’entreprise. Des facilités de paiement sont envisageables. Nous avons également un nombre très limité de bourses qui sont attribuées sur la base de mérite.
Quel est votre premier bilan ?
Nous sommes très satisfaits de notre bilan à ce jour : nous avons formé environ 600 personnes depuis février 2011, avec un impact certain sur la performance de ceux formés chez nous. Nous sommes aussi très satisfaits de la qualité des participants et des diplômés EMBA. À ce jour, plusieurs d’entre eux nous font part de l’amélioration de leurs performances et de promotions obtenues au sein ou en dehors de leurs entreprises. Ils jouent également un rôle de promoteur de la marque HEC Paris. En somme, je pense que nous avons réussi à asseoir une excellente image de compétence, de qualité et de sérieux au Qatar et nous travaillons à la développer dans le reste des pays du Golfe.
Avez-vous noué des partenariats avec des entreprises, comme Total par exemple ?
Total est plus qu’un partenaire : ils se sont impliqués dans les négociations stratégiques et nous ont aidés financièrement à démarrer. Ils continuent à nous aider avec une Chaire Total pour les modules énergie et pour bien d’autres.
Nous travaillons également avec beaucoup d’autres entreprises au Qatar et dans la région du Golfe. À titre d’exemple, avec Ooredoo, au-delà des formations sur mesure en leadership, nous développons ensemble deux cas pédagogiques que nous utilisons dans nos formations. En parallèle, nous avons une douzaine de cas pédagogiques en chantier avec des entreprises partenaires telles que : Salam international, Qatari Diar Vinci, Commercial Bank of Qatar, Qatar Gaz, Qatar Petroleum, etc. Il s’agit bien de recherche appliquée qui nous permet de mieux comprendre les problématiques et les mécanismes de management dans ce pays.
Pour mener à bien cette activité de recherche, nous sommes en phase de recrutement de quelques professeurs. L’objectif étant d’avoir 4 à 5 enseignants qui couvrent les fonctions essentielles du management: marketing, finances, stratégie, ressources humaines, etc. Ces professeurs seront appelés à produire, avec le concours du corps professoral permanent d’HEC à Paris, les contenus adaptés aux besoins de nos formations au Qatar et dans la région du Golfe.
Propos recueillis par Patricia Gendrey
Categories: Formations
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