
L’édition inaugurale du festival Qumra devait initialement se tenir en mars 2014. Suite à la fin de la collaboration du Doha Film Institute avec Tribeca – grand-messe du film indépendant, fondée par Robert de Niro et Jane Rosenthal, qui se déroule chaque année dans le quartier éponyme de Manhattan -, la première mouture a donc lieu un an plus tard, du 6 au 10 mars 2015.
Le format a été repensé et les objectifs refixés. Qumra (mot arabe à l’origine du vocable caméra), festival des jeunes réalisateurs, a pour ambition de mettre en lumière le travail de directeurs talentueux du Qatar et du monde entier ayant réalisé un premier ou second film.
La programmation est divisée en deux thèmes : les maîtres du cinéma moderne et les nouvelles voies. Parmi ces maîtres, le spectateur découvrira des pépites, entre film sociétal et cinéma engagé :
- An episode with the life of an iron picker (Titre français, la femme du ferrailleur), dirigé par le bosniaque Danis Tanovic qui obtint l’oscar du meilleur film étranger en 2002 pour « No man’s land », met en scène un fait divers. Pour sauver son épouse, un ferrailleur rom doit redoubler d’ingéniosité pour payer les soins de sa femme, faute de couverture sociale. Revenant à ses racines documentaires, le réalisateur met en exergue la détresse économique et les discriminations que subissent les minorités en Bosnie (Vendredi 6 mars à 19h).
- Leila, film du réalisateur iranien Dariush Mehrjui, est sorti au cinéma en 1996. Rezab et Leila sont amoureux mais ils apprennent que cette dernière ne peut concevoir d’enfant. La maman de Rezab le pousse sans relâche à épouser une autre femme.
Le personnage de la jeune femme est joué par Leila Hatami (fille du réalisateur Ali Hatami qui fit scandale l’année dernière en Iran pour une bise déposée sur la joue de Gilles Jacob à Cannes). Ce long métrage a pour thème central le rôle de la femme dans la société iranienne (Samedi 7 mars à 19h).
- No, du réalisateur Pablo Larrain, illustre le rôle d’un publicitaire dans la victoire pour le « non » lors du référendum chilien en 1988 qui eut pour issue la destitution du Général Pinochet du pouvoir. Pablo Larrain a fait le choix de tourner avec une ancienne caméra de 1983, mixant ainsi aisément images d’archive et de fiction (Dimanche 8 mars à 19h).
- Tales from the Golden Age (Titre français, Contes de l’âge d’or) se déroule durant les années de règne de Ceaucescu. Le film se présente sous la forme de cinq sketches, constituant autant de légendes urbaines, à la fois comiques et émouvantes.
Le réalisateur Christian Mungiu dresse un bilan sévère des années de dictature, écorchant au passage le communisme. Sur l’affiche du film, le spectateur pouvait lire en gros caractères une citation de Georges Marchais : « Le bilan des pays communistes est globalement positif » (Mardi 10 mars à 18h30).
- Pour finir, le film franco-mauritanien aux sept Césars, « Timbuktu », d’Abderrahmane Sissako. Ce long métrage, rebaptisé également « Le chagrin des oiseaux », se déroule au Mali où des islamistes prennent possession de la ville de Tombouctou et imposent la charia. Les interdictions se multiplient : cigarette, musique, football. Les femmes deviennent les ombres d’elles-mêmes et doivent parfois se résigner à consentir à des mariages forcés. Des tribunaux de fortune rendent des sentences injustes. La population tente de résister afin de faire triompher une autre conception de l’Islam (Lundi 9 mars à 19h).
À l’issue de ces cinq soirées de projection, des séances de Questions-Réponses sont organisées en présence des réalisateurs et acteurs : Gael Garcia Bernal (No), Leila Hatami (Leila), Cristian Mungiu (Tales from the Golden Age), Abdrrahmane Sissako (Timbuktu) et Danis Tanovic (An episode in the life of the Iran picker).
D’autres films figurant dans la catégorie « Nouvelles voies » sont à découvrir. Consultez le programme du festival Qumra.
Pour les informations pratiques, rendez-vous sur notre page Agenda.
Categories: Cinéma
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