
Si la Titania du Songe d’une nuit d’été a inspiré de nombreux peintres, Titania Hess redonne vie aux œuvres qui ont perdu leurs atours au fil des ans. Elle interviendra, ce mardi à l’Institut Français, sur le thème de la restauration d’œuvres d’art.
Qatar Actu : Quel est votre parcours ?
Titania Hess : Je suis française, issue d’une famille d’artistes et multiculturelle : ma mère est écossaise et mon père est danois. J’ai étudié le droit et l’histoire de l’art afin de devenir commissaire-priseur. Après quatre années d’études, j’ai découvert que je ne voulais plus embrasser cette carrière. C’est ma rencontre avec William Whitney, mon directeur de thèse et professeur à la Sorbonne, qui a orienté mon destin. À la suite d’une présentation sur la restauration, j’ai compris que je voulais faire ce métier. J’ai passé le concours m’ouvrant ainsi les portes d’un monde magique.
Qatar Actu : Pour quelle institution travaillez-vous ?
Titania Hess : Je travaille pour l’Orientalist Museum, géré par le Qatar Museums, dont l’ouverture est prévue en 2018. La collection est remarquable. Elle comprend plus de 700 tableaux, mais aussi des photographies, des sculptures… C’est très audacieux de constituer une telle collection au Moyen Orient.
Qatar Actu : Qu’est-ce qui vous a amené à devenir restaurateur d’œuvres d’art ?
Titania Hess : Avant tout, un sens des responsabilités. C’est aussi le bonheur de se situer de l’autre côté du décor – dans les coulisses – d’avoir le privilège de tenir un tableau exceptionnel. Un tableau, c’est plus qu’une image, mais un objet matériel en trois dimensions. Il n’y a pas que l’esthétique. L’œuvre a un réel aspect documentaire : le tableau est un objet historique, conçu à un moment donné et qui, à ce titre, est une source d’information. Une œuvre d’art est aussi une machine à remonter le temps.
Qatar Actu : Vous interviendrez à l’Institut Français, dans le cadre des « Mardis Érudits ». Quelle seront les grandes lignes de votre intervention ?
Titania Hess : Je vais parler des étapes de la restauration afin d’aider à en cerner les enjeux. À chaque fois, le restaurateur opère un choix. La décision est très lourde à prendre. Il est nécessaire de bien se documenter ; il n’y a pas que le savoir-faire.
Un tableau issu du fonds de l’Orientalist Museum, que j’ai adoré restaurer, me servira de support pour illustrer ma présentation. Je l’ai choisi car le travail de restauration a dévoilé certains aspects de son histoire. L’auditoire pourra ainsi comprendre le travail d’enquête qui a été mené. L’œuvre n’est pas signée. Je pense néanmoins qu’il s’agit d’un peintre français, j’expliquerai pourquoi j’en suis arrivée à cette conclusion.
J’aimerais que les auditeurs aient une autre vision des œuvres. Les tableaux sont aussi des témoins de leur temps !
Propos recueillis par Patricia Gendrey
Conférence « Restauration des peintures orientalistes » – Institut Français du Qatar – Mardi 20 janvier – 18h30 – En savoir plus
Categories: Francophonie
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